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Erwan Robergeot

Chambre 16

Des profiteroles.

Des profiteroles.

C’est ce que j’aurais choisi si cela avait été au menu ce soir, comme je le fais à chaque fois que je vais au restaurant. C’est un bon test pour connaître la virtuosité du cuisinier, ça m’en apprend toujours long. Il faut dire que je suis moi-même de la partie et que j’ai pas mal roulé ma bosse ici ou là, alors on ne me la fait pas et je repère de suite si tout est bien fait maison ou pas. Bon j’avoue que je n’ai pas été déçu avec le repas ce soir, sauf pour les profiteroles absentes bien sûr, mais la chère est bonne à l’auberge. Je me suis régalé et ça a terminé idéalement ma journée. J’en avais bien besoin parce que cela fait quelques jours que j’enchaine les kilomètres en vélo pour venir me reposer en plein Jura. Tracer la route ne me fait pas peur, j’ai l’habitude de rouler, j’adore cela même, mais je pensais les côtes plus douces dans la région, je me disais que ce serait plus vallonné que montagneux… mes mollets ne sont pas de cet avis. J’ai été dépassé par des cyclistes souriants en VAE, je dirais bien que c’est de la triche mais ça me fait plaisir de voir de plus en plus de voyageurs en deux roues. Alors vive les vélos électriques ! Je m’en tiens depuis des années au bon vieux vélo mécanique et ma petite remorque pour porter mes bagages et pouvoir tracter mes trouvailles culinaires. Je m’en lèche les babines d’avance, cette région va me plaire je le sens et j’ai repéré sur la route quelques fermes qui vendent en direct leurs produits. Mmmmhhhh.

Bien entendu je ne suis pas arrivé à 15h, les aléas inhérents aux déplacements sans moteur m’ont conduit à un 19h sonnant et trébuchant, pile poil pour m’installer et mettre les pieds sous la table. La prise en charge et l’installation dans ma chambre ont été ultra rapides, j’ai bien compris que la patronne était pressée de voir si tout se passait bien en salle pour la 1ère soirée du restaurant. Elle a inscrit « Erwan Robergeot » dans le registre, m’a tendu la clé de la chambre n° 16 en m’expliquant comment y aller, souhaité la bienvenue pour mon séjour de 15 jours avec un sourire qui ne m’a pas laissé indifférent (je fonds toujours devant la gentillesse, et là, elle irradie de toute sa personne) puis s’est éclipsée. Je n’ai pas eu le temps de lui demander où garer ma monture, je verrai plus tard. Je suis monté poser mes bagages, direction le 1er étage et à peine passé le palier j’ai senti comme une odeur qui hélas a empiré quand j’ai ouvert la porte de ma chambre. C’est bien ma veine, on dirait que je vais avoir droit à un tour vers le veilleur de nuit pour lui signaler le problème, mais plus tard hein, je casse la graine avant. En ressortant j’ai croisé ma voisine qui pinçait son nez, qu’elle a fort joli, de dégoût. Aïe caramba, encore raté ! Cela ne va pas être facile de briser la glace avec elle maintenant, elle risque d’avoir un a priori olfactif. Et les rumeurs peuvent vite se répandre, encore plus vite qu’un virus, j’ai intérêt à expliquer aux autres résidents que je n’ai rien à voir avec tout cela. À chaque jour suffit sa peine comme disait ma grand-mère, un bon repas, un bon repos et tout va pour le mieux. Pour le repos ce n’est pas encore gagné, j’ai bien essayé de dénicher le veilleur de nuit pour lui demander où était le local vélo, mais impossible de mettre la main sur lui. J’ai donc laissé mon équipement devant l’entrée, j’espère que cela ne gênera personne et je suis allé me coucher avec un peu de Vicks sur le nez pour ne pas sentir l’odeur. C’est un truc que j’ai appris à la TV, avec toutes ces séries où l’on voit des médecins légistes officier. Et bien ça marche sacrément bien et je vais dormir comme un bébé.

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