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Brigitte Audiber

Chambre 10

Du baume au coeur

À notre arrivée, tout le personnel de l’auberge était attablé pour leur petit déjeuner et bien entendu on n’était pas prévus du tout à cette heure matinale ! 

Bon, c’est pas grave de se gentiment faire refouler parce qu’ils nous ont bien proposé de nous joindre à eux mais moi j’ai préféré tout de suite décliner bien sûr ! 

C’était l’aubaine. 

D’abord parce qu’on avait déjà pris le café (et le grand deuxième petit déjeuner) avec les potes de la Cave à Orgelet et Gérard n’avait pas faim le moins du monde.

Ensuite on voulait surtout profiter du matin pour aller explorer les environs, pendant que la pluie n’était pas encore trop intense ! Faut pas rater la bonne lumière matinale qui transforme toutes les photos en poèmes. Gérard m’a bien formée à connaître les meilleurs moments et on est toujours les premiers debout, ce qui nous permet surtout de ne croiser personne dans nos randonnées.

Honnêtement, ça m’arrangeait d’avoir rencontré tout le monde dans leur élément le plus naturel et aussi de les surprendre sans avoir à me farcir le discours préparé pour les clients. Il en faut peu pour me rendre heureuse comme ça. 

J’ai adoré faire la connaissance de la petite Adèle, une jolie petite fille qui a flashé sur mon turban coloré et voulait absolument savoir où je les trouvais ! 

“Kiwica !” je lui ai dit, “c’est mon fournisseur attitré et je te montrerai, promis, tous ceux que j’ai dans mon sac de voyage, tu pourras en essayer si tu veux, mais là, on va rien déballer, on te laisse finir ton embuscade et nous, on va se promener jusqu’à tantôt !”.

Le sourire de cette petite fille m’a mis du baume au cœur, surtout quand elle m’a confié que sa mère ne savait pas encore qu’elle avait fait l’école buissonnière pour ne pas nous rater. Mon vœu préféré pour les rencontres spontanées avec les âmes pures a été honoré dès notre arrivée. N’y a-t-il pas là le plus joli présage pour nos vacances finalement ? On n’avait pas prévu cette aubaine qu’il y aurait une belle et magique amitié en bourgeon dans mon accoutrement ! Pour le moment, mon cœur chante à cette rencontre-là, et c’est mon Gérard qui va en profiter. Quelle patience il a avec moi et mes sautes d’humeur impossibles ! Rien qu’à y penser, je fonds de tendresse pour sa patience infinie avec moi et mes caprices, mes silences et mes soudaines extases sur lesquelles je ne tarirai plus. Sans rire, cet homme est un saint, et c’est mon homme ! Trop heureuse !

Une fois mon excitation retombée, je suis sûre que j’aurai peut-être moins envie de lui montrer ce qu’il y a sous le Kiwica, à moins d’avoir à expliquer à une enfant de cet âge ce qui est arrivé à mes cheveux mais en attendant, c’était un signe du ciel. 

Voilà un excellent début de notre séjour : la route jusqu’à la D52 sans la moindre encombre, les potes de Gérard tout heureux de nous voir débarquer malgré le foutoir des préparatifs avant la fête des pères et l’arrivage des lots en même temps que nous et l’Auberge qui a tout du paradis pour notre été ici, que demander de plus ?

Walida avait raison une fois de plus, et j’ai bien fait finalement de l’écouter : elle est la sagesse même, ma belle-sœur préférée ! 


Y a plus qu’à espérer que la pluie s’arrêtera un peu jusqu’à tantôt histoire qu’on ne soit pas trop détrempés quand on reviendra à l’Auberge qui est toute propre et rutilante !

Zénitude totale : on est équipés et j’adore que l’eau qui ruisselle sur mes joues ait donné envie à Gérard de les essuyer de ses baisers fougueux dès qu’on s’est éloignés pour aller découvrir nos futurs sentiers d’extase.  

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