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Henri Bonaventure

factotum

Comment ça j'suis pas zen ?

Cailloux zénifiés
Suggestion de présentation

Le salopiot !

Il m’a tout tranchéïfié le gravillon à l’entrée de l’auberge quand il est venu vendredi dernier avec son tank ; on a pas idée de se trimbaler avec un engin pareil, qui pue le mazout, ce qui au passage démontre le peu de soin qu’il y apporte vu qu’il tourne au sans-plomb son moulin ! J’me demande bien ce qu’il a pu transporter pour que ça sente autant…

J’avais pourtant passé des heures à passer le râteau pour aligner les petits cailloux devant les bacs de fleurs, histoire de faire plaisir à la petite patronne et voilà que tout est à refaire…

Mais y connaît pas Raoul ce Gaston, y va avoir un réveil pénible[1]. J’lui ai raconté ma façon de voir les choses et on s’est fritté comme à notre habitude, avant d’aller vider une bière au village, comme à notre habitude. C’est super pratique les habitudes !

Ah oui, faut pas que j’oublie de passer chez la mère Grolleix pour lui arranger le siphon de son évier qui a recommencé à se boucher ; mais après la sieste, hein, on va pas casser la tête ! Je l’aime bien cette grand-mère, elle connait tout sur tout dans le pays et peut-être même quelques trucs en plus.

Bon, tout ça c’est bien, mais c’est pas important, revenons à l’essentiel, chère progéniture, que je continue de te raconter le lascar.


Pour en revenir à mes origines, bâtardes donc, je suis né quelque part sur le caillou, mais d’après ce que j’ai compris la famille est assez vite rentrée chez les zoreilles passés les retours de couche. Me demandez pas pourquoi, je n’en ai pas le début de la plus petite idée, sauf que tout ce que je sais, c’est que j’ai appris à marcher au mileu des gentianes et des narcisses.

Ensuite, j’ai usé mes fonds de culotte à la communale — en fait elle n’existait déjà plus la communale quand j’étais p’tit, mais j’aime bien ce mot — et je n’ai pour ainsi dire jamais quitté le fond de cette vallée à part quelques fois pour aller passer une semaine de vacances à Lamoura, pas loin d’ici.

En même temps, y’a de quoi s’occuper toute la journée dans le quartier, voire la nuit aussi quand tu peux faire le mur et aller faire quelques tours pendables aux vieux du village…

J’ai le souvenir d’un vieux Ernault-Somua que j’avais mis en vrac dans le fossé après l’avoir piqué dans la grange du père Adrien, parce que tu comprends, rouler sans phare, la nuit, c’est pas trop évident surtout qu’on était pliés à rigoler, et… Non, la suite c’est pas pour les pyjamas ! Je mettrai ça dans mon testament, ça fera rire le notaire.

Bon, je pensais pouvoir t’en raconter plus mais la petite patronne a l’air méchamment stressée avec les premiers clients qui débarquent demain et il y a dix milliards de trucs à finir de préparer d’ici l’apéro !

Tiens en parlant de ça, faut que j’aille mettre cette petite bouteille de Chartreuse au frais, je la préfère glacée qu’avec des glaçons.

PS : Ne pas oublier, demain matin, 9h, c’est p’tit déjeuner avec toute l’équipe, s’agirait pas de louper ça, je suis curieux de voir à quoi ressemblent ceux que j’ai pas encore croisés !

Note

[1] j’adore ce film !

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