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Éric Javot

Chambre 16

La dernière scéance

On avait l’accent de Marseille de Natou, on avait eu l’accent russe de feu le comte, mais le mélange des deux, c’est comment dire…

Hier matin, avec Élisa, on était dans le patio. C’était juste avant le déjeuner, on allait se lever quand elle nous est tombée dessus !

- Té, je vous connais vous ! Vé, je vous ai vues à la télévision avé Drrruckerrr !

- Ah oui, c’est possible, vous voulez un autographe ?

- Il est fada lui, quesque tu veux que j’en fasse, mais si tu en as un de Drrruckerrr, té, je veux bieng ! oh fatche ! Dites voirrr je manque à toutes mes éducations ! Je ne me suis pas prrrésentée ; Adrrriana Alestrrra, la maman de Natou, Natacha, vous savez la serrrveuse !

 

On s’est regardé avec June, on a eu du mal à réprimer un éclat de rire, telle mère telle fille !

 

- Enchanté, moi c’est Éric Javot et voici ma femme, Élisa.

- Ah ben non, je cherrrche mais je ne vois pas, vous faites quoi pour êtrrre chez Drrruckerrr ?

- Moi je fais des films, « La bidoche » par exemple qui est passée à la télé la semaine dernière sur TF1 et Élisa est actrice…

- Té, mais oui, je l’ai vu dimanche, qué rrrigolade, surtout la scène où le grand fada, là il veut expliquer à Deparrrdiou qu’il veut marrrier sa fille ! Mais dites alorrrs ? Si vous êtes  connus, je les veux bien les autogrrraphes finalement ! Mais en vrrrai, je voudrrrais vous demander, ma fille, elle trrravaille sérrrieuse ? Elle est heurrreuse ici ? fatche parrrce qu’il fait tellement froid que même les cigales elles se taisent !

Je laissai June répondre, expliquant à sa façon tout le bien que l’on pensait de Natou.

- Et vous le connaissez le fada qui est en amourrr pour elle ?

Pile à ce moment, les dieux étant avec nous, mon téléphone sonna ; c’était Michel Drucker !

Même moi je n’y aurais pas cru sans le SMS que je venais de lui envoyer !

Je montre l’écran où son nom s’affiche à Adriana qui reste figée un instant, les yeux ronds comme des billes.

- Allo Michel ? Comment vas-tu ? Tu ne pouvais pas mieux tomber, je suis justement avec une fan de toi qui voudrait te dire un mot, voilà je te la passe, c’est la maman d’une grande amie.

Adrianna en m’écoutant rajustait sa robe panthère d’une main, se recoiffant de l’autre « allô, allo? Vé ! Vous êtes bien Michel Drrrruckerrr ? Ça n’est pas des fadaises pour me faire tourrrner en bouillabaisse ? Ho lala ! Peuchérrreu ! Je le crois pas ! Je parrrle au vrai Michel Drrruckerrr et je sais pas quoi lui dirrre ! Heu… Michel, je vous aime… Hein ? Té, mais c’est à la capitale ça ? Déjà le Jurrra c’est loing, alors Parrris !!! Vous ne faites jamais la TV à Marrrseille ? Oh bonne mèrrre, quand je vais dirrre aux copine que Michel Drrruckerrr en personne m’invite à une de ses émissions !!! Hein ? Oui je vous le repasse !

 

Elle me rendit mon téléphone : « Michel ? Oui… »

Je sortis laissant June 5 minutes avec Adriana.

Quand je revins, je vis Natou, sa mère et June faire des selfies ; je me fis choper, allez hop une photo de plus…

- Ah oui, mais faut pas oublier les autogrrraphes hein ! Nous cria-t-elle alors que nous allions partir vers la salle à manger…

 

On a bien rigolé au restaurant, Natou et sa mère ont fait le spectacle ! Enfin surtout la maman, parce qu’on avait l’impression que Natou ne savait plus où se mettre !

 

***

Ce mardi matin réveil morose ; je n’aime pas les derniers jours !

Il faut faire les valises !

Pourtant, à l’aller, tout tenait dedans !

Totoche a tout prévu, ce soir on laisse les bagages à la réception et demain, au petit jour, un transporteur vient les chercher.

- Élisa ! Prends avec toi de quoi t’habiller et de passer une nuit, si on décide de se faire un resto ou de s’arrêter en cours de route !

La tête de Mme Lalochère (mais appelle-la Jeanne enfin ! Ce que t’es guindé quand tu t’y mets ! me tance June) quand je lui ai offert ma centrale vapeur : « On ne sait jamais, ça peut dépanner un client… 

- Bon ben merci bien, ça pourra aussi servir pour les nappes par exemple !

- En tout cas, merci pour ce merveilleux séjour, je crois que nous reviendrons, peut-être cet hiver ?

- Vous allez rouler de nuit ? Jusqu’à Paris ? est-ce bien raisonnable ?

- Non, on va faire une étape à Genève ce soir !

June me regarda étonnée !

- Genève ? C’est nouveau !

- Surprise mon amour, on n’allait pas faire six heures de route de nuit, ce n’est pas sérieux et puis Pollux voulait te rencontrer, des papiers à signer, alors c’était plus simple comme ça. Ce soir dîner en amoureux en terrasse au-dessus du Léman, chambre avec vue sur le lac. Demain, petit-déjeuner avec Pollux et retour Paris !

- Ah heu… Ben OK !

- On a qu’à dire que c’est pour ton anniversaire !

- Mais ce n’est pas mon anniversaire !

- Eh bien on va faire comme si ! Joyeux anniversaire ma chérie…

Mme Lalochére nous regardait, on sentait qu’elle se retenait de rire.

- Allez les amoureux, bonne route, et June, donnez-moi des nouvelles !

- Promis Jeanne, allez on s’embrasse ! »

 

Sur le parking, je me suis brusquement arrêté devant la Harley, me suis retourné et mis face à June : « Dommage qu’il ne pleuve pas…

- Pourquoi, c’est mieux le soleil pour rouler, non ?

- Parce que j’adore ce film…

 

XX.Ext.Jour/Parking :

Il pleut à verse, Richard et Lauren se font face, ils sont trempés. Ils se regardent en souriant.

Richard

Bonjour

 

Lauren

Salut!

 

Richard

Tu es trempée

 

Lauren

Non, ça va

 

Richard

Je voulais dire quelque chose à celle qui est en face de moi, maintenant, sous la pluie…

 

Lauren

Ah? Il pleut encore ? J’avais pas remarqué

 

Richard

En fait, je t’ai aimée dès la première seconde ! Heu tu ne veux pas fuir là ?

 

Lauren

Non, je vais pt’êt me noyer, mais sinon il n’y a pas de raison…

 

Richard

Ha… Mettons-nous à l’abri…

Mais avant, j’ai une question à te poser !

Crois-tu qu’une fois qu’on sera réchauffés et séchés, et après qu’on a passé quelque temps ensemble, crois-tu que tu accepteras de… de… ne pas m’épouser?

Et crois-tu que le fait de ne pas être marié avec moi puisse être quelque chose que… que tu envisagerais pour le restant de tes jours ?

A… A… Alors ?

 

Lauren

Oui !

 

Richard et Lauren s’embrassent langoureusement et la pluie s’arrête laissant place au soleil. Puis chacun enfile son casque, monte sur la Harley qui s’en va dans le soleil couchant. On suit la moto un moment, jusqu’à un grand panneau publicitaire sur lequel la caméra s’arrête et commence à monter haut vers le ciel. Sur l’affiche il est écrit :

 

« In love with l’Auberge des blogueurs »

 

La caméra continue de monter, la moto devient un petit point dans le couchant

Couper

C’était la dernière prise, merci tout le monde

 

THE END

Fondu au noir, générique…

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Les lumières se rallument dans la salle quasiment pleine, Éric et June attendent la fin du générique en regardant les gens sortir…

- On va se faire un restau ou on rentre direct ?

 

 

 

 

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