C’est drôle comme, lorsqu’on vit vraiment on a peu le temps d’écrire. Ou on ne le prend pas. Ou peut-être tellement à dire qu’on hésite à le faire, appréhension face à l’ampleur de la tâche. Ou bien encore garder les souvenirs comme de petites pépites, cachées au fond de soi, chéries, polies par la main qui passe dessus avec tendresse et émotion. Allez savoir !
Aujourd’hui il pleut. J’en ai profité pour investir le lac. M’y plonger, le laisser me porter, le fendre d’un crawl vigoureux. Il me fallait bien étrenner mon nouveau maillot acheté à Saint-Claude mercredi après-midi.
Juste après déjeuner, j’y suis partie. J’aime la route pour y aller. J’aime cette ville que je découvre à chaque fois. Et puis la date de ce saint m’est très chère. J’y flânais, regardant les vitrines pour d’éventuels cadeaux aux enfants. J’entrais dans “la petite frip” par hasard. Friperie pour enfants jusqu’à 12 ans, comme indiqué sur la porte au-dessus des horaires d’ouverture. J’aime assez offrir des vêtements pour jouer partout, sans s’inquiéter pour les tâches et les déchirures. Même si mes sœurs râlent, je sais qu’au fond elles comprennent, un peu. Enfin j’espère.
Je regardais du coté des bébés quand je vis deux femmes, trentenaires, séjournant à l’auberge. Je les écoutais parler. Il semble que le petit grandisse plus vite qu’imaginé. Il est si tranquille cet enfant que ce n’est que récemment que j’ai compris sa présence. Quand il a pleuré une partie de la nuit de samedi à dimanche. Elles semblaient gênées le matin au petit-déjeuner. Comme si elles étaient fautives. Les bébés pleurent surtout quand on s’y attend le moins. Chacune de mes sœurs étant mère est passé par ces moments difficiles.
J’avais envie de leur parler mais je ne savais pas comment. Le hasard (encore lui) a décidé pour moi. Nous regardions le même vêtement. Nous avons donc commencé par des civilités du genre “Allez-y”, “Je vous en prie”. Et puis le reste est venu naturellement. Elles sont discrètes. Elles ont su prendre du temps à elles et je trouve ça vraiment bien. J’ai osé leur dire. Peut-être n’aurais-je pas dû. Je ne sais toujours pas doser. Alors je leur ai parlé de mes recherches. On a passé un petit moment à discuter entre les rayons des différents âges. C’était agréable. C’est la première fois que cela m’arrive. Je veux dire, parler d’enfants, mais pas que, avec des jeunes femmes qui ne soient pas mes sœurs ou cousines.
J’ai continué mes recherches de cadeaux avec le sourire aux lèvres. Surtout en passant dans le quartier de la gare. Une chanson m’est venu, que j’ai siffloté doucement. J’aime bien ce Lou qui chante si bien ce que je ressens.
J’ai investi une librairie pour les deux grands de 14 et 15 ans. Au détour d’un rayon, j’avisais un étalage de boules de neige. J’en pris deux. J’irais certainement bientôt à Lyon. C’est là que je les offrirais. Rien que d’y penser, j’en ris.
C’est étonnant ce rapprochement avec Cat. Depuis que je suis allée le voir à l’hôpital, il m’appelle chaque matin avant qu’Highway n’arrive. Nous papotons mais parfois s’invite une conversation plus sérieuse. Je me suis ouverte à lui de ce qui se passe dans ma vie en ce moment. Je lui ai parlé de Gaston. Pourquoi à lui et pas à Highway ? Je n’ai jamais parlé de ce sujet avec lui. Avec Cat je me sens plus à l’aise. Peut-être parce qu’il a été marié. Peut-être aussi parce qu’avec Highway c’est parfois un peu ambigu. Je ne sais pas vraiment. Et au fond peu importe.
Cat sait. Cat m’écoute et j’entends son sourire à l’autre bout. Il me dit de vivre. Chaque minute est bonne à prendre. Peu importe la suite. “Profite !” me dit-il. C’est exactement ce que je fais.
C’est tellement bien. Une autre façon de se sentir vivante. L’impression d’être entière, d’être à ma place, là où je dois être aujourd’hui. Je ne me sens pas dépendante.
Nous ne nous sommes pas vu depuis qu’il est parti de ma chambre mercredi matin, très tôt. Nous échangeons des SMS. Souvent sur le ton de l’humour. Des propos sans importance. Rien n’est prévu. Il arrive(ra) ce qui doit arriver au moment où cela doit arriver. J’aime cela. C’est beau. C’est bon. C’est perturbant aussi.
Le mail du Capitaine B. aussi est perturbant. Il me demande de revoir ma position. M’assure d’une affectation dans un poste plus intéressant. J’en ai parlé à Cat. Il me dit de penser à moi. Qu’il me faut être sûre de ce qui est important pour moi. Cela me rappelle la dernière conversation avec Antoinette, une des Craquantes. Elle m’a dit de suivre mon instinct. De faire abstraction des pressions familiales, professionnelles, amicales. Instinct et Pression restent toujours quelque part, pas loin, dans le flot de mes pensées. C’est aussi grâce à cela que j’ai réussi à prendre la vie à bras le corps, savourant ce qu’elle m’offre.
J’ai vaguement parlé du mail avec Highway, il n’a su que dire qu’il était au courant. Je le soupçonne d’être en mission.
Je ne suis pas prête à suivre docilement. Aucun de ces messieurs. Excepté un… Il peut bien m’emmener où il veut. Tout comme je crois qu’il se peut que ce soit moi qui l’emmène “Loin”.
Désir de femme
Profondément enraciné
Les violettes
Chiyo-ni
1 Commentaire de LostSun -
Tout un symbole pour qui a la clé !
2 Commentaire de Avril -
“Sur le ruisseau
Elle court après son reflet
La libellule.”
Ida Dakotsu
3 Commentaire de Pep -
@Avril > Version alternative :
Et voilà que nous nous faisons envahir par des haïkus. ^^
4 Commentaire de LostSun -
Deux libellules, deux déclinaisons.
Comme quoi une serrure peut ouvrir sur tout autre chose suivant la clé qu’on utilise. :-)
5 Commentaire de Nuits de Chine -
Les projets et espoirs de Hugo me font penser à