Cinq heures et trente fucking minutes ! Va falloir qu’elle mette une sourdine à sa trompette la nouvelle voisine, je sais bien qu’il n’y a pas d’heure pour les braves mais tout de même. Entre les cris, la douche et la porte qui claque, c’est abusé ! Avec ça, je vais être toute cernée pour notre journée romantique à Saint-Claude. Éric dormait toujours profondément. Plutôt que de le réveiller, je décidai d’avancer l’heure de mon footing.
À mon retour, Jeanne, qui s’apprêtait à quitter l’auberge avec Adèle pour un petit break bien mérité, me fit signe d’approcher de la Réception.
— Bonjour Élisa ! Heu, pardon… Mademoiselle East, le facteur est passé, il y a une carte postale pour vous.
— Ah oui ? De qui cela peut-il venir. Je n’ai laissé d’adresse à personne.
— Pardonnez ma familiarité, je me suis laissée aller. Ce n’est pas dans mes habitudes de…
— Relax, Jeanne ! Il est beaucoup trop tôt pour se casser la tête ! Et puis Natou m’a dit que vous étiez off pour deux jours… Alors profitez ! Baissez la garde un peu ! Et toi, Adèle, amuse-toi bien à Paris, bichette !
— Je vais filmer la ville avec le téléphone de maman et puis je montrerai mon chef-d’œuvre à Monsieur Javot ensuite.
— Il va adorer, c’est certain. On dirait que la relève du Cinéma Français est assurée. Tu me rappelleras de te laisser mes coordonnées pour quand tu seras une grande réalisatrice, on ne sait jamais…
Je suis ressortie de l’ascenseur toute excitée par la lecture de la carte postale. Impossible de laisser Éric dormir plus longtemps. À peine dans la chambre que je l’extirpai de son sommeil. Après quelques grognements, il se retourna sur le dos et je me calai la tête sur son torse.
— On a reçu du courrier de Lausanne !
— Ah oui ? De qui ?
— D’Akikazi. Et Ann-Kathrin.
— Sérieux ? Ils vont bien ?
— « Chères June et Éric. Un petit coucou depuis Lausanne où Ann-Kathrin m’a rejoint ces derniers jours. Nous avons bien pensé à vous et à l’Auberge et nous espérons que vous allez tous bien ! Est-ce que Natou se remet de sa séparation ? Profitez bien du reste de l’été. Des becs. Akikazi et Ann-Kathrin. »
— Sympa !
— Carrément. T’as vu, c’est lui qui écrit, mais il signe des deux noms. Comme c’est chou. Je ne connais pas Lausanne, alors en lisant la carte, je les ai visualisés marchant amoureusement dans les ruelles de Venise, ou se bécotant dans les gondoles.
— Plus cliché que ça, tu meurs !
— Oh… un peu de romantisme ne fait pas de mal ! Imagine, Akikazi se mettant à genoux sur la place Saint-Marc pour demander la main de sa belle !
— Tu crois qu’ils sont branchés mariage, eux ?
— Je ne sais pas. Maintenant que tu le dis…
La conversation partait sur un terrain glissant. Il fallait changer de sujet au plus vite avant la sortie de route.
« Bon… Allez, debout et file à la douche ! À défaut de Lausanne ou Venise, nous avons rendez-vous avec Saint-Claude ! »
1 Commentaire de Pep -
Ah ! C’est sûr !
Ça envoie du rêve ! :’D
2 Commentaire de Ann-Kathrin von Aalders -
OHHHHHH ! J’adore ! (pour ceux qui nous lisent, cette carte est une surprise pour moi aussi !)
Je confirme qu’Akikazi ne s’est pas mis à genoux (ça je le saurais quand même :P) et que côté mariage, je sais pas, plus trop le truc d’Ann-Kathrin, en fait.
Ceci dit, pour visiter Venise avec Akikazi, c’est quand il veut.
3 Commentaire de Margaux Hoareau (auteurice) -
J’adore le détail du code postal qui a bavé sur la carte !
4 Commentaire de Pétronille -
@Margaux moi aussi ! grande classe.
Mais je maintiens, ça se précise :). L’Auberge est une pépinière. (Pas trop quand même, ça fait du bruit ces machins et puis ça bave aussi, il parait.)
5 Commentaire de Pétronille -
Et la trompette est un clairon, en fait. ;-)
6 Commentaire de Natou auteur -
Excellent !
7 Commentaire de Sacrip'Anne -
:) Si tu leur réponds dis leur bonjour de ma part !