Dimanche après-midi j’ai croisé June-Elisa… La meuf dont-il-ne-faut-pas-parler-mais-dont-on-a-causé-dans-un-canard-people de Javot…
Elle descendait l’escalier, je montais l’escalier… Une métaphore de nos vies peut-être ? Faut que j’arrête ça. Je ne la connais pas, elle ne me connait pas, ignorons-nous !
Pourtant, comme dans un vieil ascenseur, nos vies se sont arrêtées entre deux étages. Ou plutôt, dans l’escalier, June-Elisa s’est arrêtée. Devant moi. Volontairement. A bloqué ma montée. Dans l’escalier. M’a collé contre le mur.
Enfin… Je me suis décalé pour qu’elle puisse passer et… Et je me suis retrouvé collé contre le mur.
Je ne saurais pas dire exactement ce qu’il s’est passé. June-Elisa m’a regardé droit dans les yeux. Elle a voulu rendre son regard expressif. Plus exactement elle a froncé les sourcils genre Tu vois que je suis en colère non ?
C’est sûr que si elle refait un tel regard dans un film, on ne parlera pas de performance d’actrice. Ou alors ce sera dans la même catégorie de la Cotillard qui meurt dans Batman. Des millions de vues sur YouTube, mais est-ce la gloire à laquelle une vraie actrice aurait envie de goûter ?
Je pense qu’elle a voulu me faire passer un message… t’es un pauv’ type ! va te faire soigner et ne m’adresse plus la parole !
Ou peut-être devais-je comprendre t’arrêtes de faire le con, sois aimable !
Comme quoi, question jeu d’actrice, c’était pas clair-clair…
Elle a serré les poings. Je l’imaginais dans un trip “grab the crotch” prôné par les féministes anti-mecs en réponse au harcèlement de rue…
Un dernier regard, la paupière lourde style j’espère que tu as compris…
Je ne sais pas quel film elle s’est fait dans sa tête… Elle s’est peut-être imaginée en Alien et moi en Ripley…
Pas grave, à la fin c’est Ripley qui survit.
Elle s’est détachée de moi… Nous nous sommes séparés. Toujours fâchés bien sûr.
Et dans ma tête j’entendais Michel Fugain chanter :
Il rentra chez lui, là-haut vers le brouillard / Elle est descendue là-bas dans le Midi
.[1]
J’ai réprimé un fou-rire. Fugain versus Alien… Tellement en décalage…
Faut qu’elle arrête de se faire des films c’te fille…
Rester positif. Dessiner un sourire sur mon visage mais surtout ensoleiller mes pensées…
Cet intermède faussement cinématographique ne devait pas, ne pouvait pas m’atteindre.
Être soi, fier de l’être et heureux.
Se souvenir encore et toujours des mots de Brel…
Lecture de fin d’après-midi sur le balcon… J’ai entendu les derniers échos du barbecue, là-bas près du lac… De la musique, des rires… Je crois avoir reconnu Ginette des Têtes Raides… J’ai remis mes écouteurs, lancé l’iPod… Perfect day… [2]
Just a perfect day
You made me forget myself
I thought I was
Someone else, someone good…
Lundi matin, comme je le lui ai promis, je suis descendu à Pollox pour téléphoner à Maman.
Tout en marchant, je chantonnais Attendre Attendre [3]…
Un jour s’en vient,
Un jour s’en va,
J’attends quelqu’un
Tu ne viens pas…
Sur le rivage
Le temps se traîne…
A la poste, j’ai composé le numéro une fois, deux fois…
La troisième fois, j’ai laissé sonner jusqu’au déclenchement du répondeur.
Allo Maman, c’est moi, c’est Rémi. Je voulais prendre de tes nouvelles mais… J’espère que tu vas bien. T’avais rendez-vous chez le médecin ou des analyses peut-être ? J’ai envie d’entendre ta voix… Rappelle-moi dès que tu rentres à la maison : je te laisse le numéro de l’auberge. C’est le 03 84 41 ** **. je répète : 03 84 41 ** ** Tu demandes Monsieur Côme. Pas Rémi. Je t’expliquerai… Donc Monsieur Côme au 03 84 41 ** ** Bisous Maman. Prends soin de toi. Bisous.
Je suis rentré à l’auberge mais… Le soleil, mon soleil s’était un peu voilé… Je sais bien que Maman doit aller régulièrement faire des visites et des analyses de contrôle mais logiquement… Elle m’avait dit que le laboratoire était fermé jusqu’à la semaine prochaine. Et son médecin ne rentre que le 01 septembre…
Dans mon iPod, Les absents ont toujours tort [4]…
J’ai éteint l’iPod.
1 Commentaire de Akaiaki -
Jolie bande son qui accompagne tes pas :-)
Ah ce téléphone dans le vide, ce (léger) sentiment d’inquiétude… résonnance…
2 Commentaire de Avril -
Huhuhu !!!
Tu as donc fait le choix de « l’hallucination »…
Il va donc falloir que je la mentionne de mon côté également, pour la cohérence… ou que… laisse-moi réfléchir une seconde…
Hahahaha !!!
Oui… je SAIS ce que je vais faire…
3 Commentaire de Natou auteur -
Aie, pourvu que son inquiétude soit infondée
4 Commentaire de Pétronille -
Très joli texte à lire entre les lignes.
5 Commentaire de Sacrip'Anne -
La scène avec June est excellente. Pour la fin croisons les doigts !
6 Commentaire de Pep -
Je n’aime tellement pas les téléphones qui sonnent dans le vide que j’ai pris la saine habitude de ne plus appeler personne. Tu devrais essayer, Côme.
Quant à June, tu serais le premier à remettre en question ses talents d’actrice. Penses-tu vraiment être crédible ? :-)
7 Commentaire de Samantdi -
Cette formule m’a beaucoup plu. L’art de la litote marié à l’auto-dérision, chapeau.
8 Commentaire de Come-de-la-caterie -
@Akaiaki : bande son très seventies ce jour-là, mais Côme est très éclectique dans ses goûts…
@Avril : je tremble ! … ou pas ;-)
@Natou réponse bientôt !
@Sacrip’Anne : merci ! je me suis régalé à l’écrire… Surtout l’allusion à Cotillard :-)
@Pétronille : merci pour le compliment
@Pep : Côme se prétend fin lettré et a une culture musicale assez étendue. En revanche il n’est pas cinéphile, mais il a du goût… Pour lui, hors Meryl Streep, il n’est pas de bonne actrice !
@Samantdi : venant de toi, je suis flatté (je rougis)
9 Commentaire de Malia (auteur) -
Je découvre sur le tard Côme (le vieux) et apprécie sa misanthropie. Comme Malia, c’est un timide et il lui manque des codes de vie sociale. De tous, c’est mon chouchou.
10 Commentaire de Come-de-la-caterie -
@Malia : rhoooo je me liquéfie de bonheur et de reconnaissance !
(Intérieurs, le bonheur et la reconnaissance, je suis pudique…)
11 Commentaire de Samantdi -
Je suis comme Malia, j’aime beaucoup Côme et ça n’a rien à voir avec de la pitié.
Ce personnage me rappelle les gars un peu à part dans la classe, qui cachaient sous leurs sarcasmes un grand cœur, quelques secrets et l’art de se rendre malheureux.
Ce n’est pas facile de savoir comment réagir face à ce personnage. Il génère beaucoup d´agacement mais il tire son épingle du jeu parce que ses « scènes » en public sont suivies d’épisodes où il exprime ses sentiments, ses doutes, ses douleurs et à la fin, ses détracteurs paraissent plus antipathiques que lui.
12 Commentaire de Malia ( l'auteur de ) -
Samantdi : encore une fois, en phase avec toi. Un être me touchera s’il se prend les pieds dans le tapis, si l’oeuf dur de son club sandwich atterrit sur sa cravate. Une silhouette confuse d’être ce qu’elle est (trop maigre, trop grosse, trop voûtée et j’en passe) … J’irai directement rechercher la nécessaire compensation, toujours présente ( l’éclat du regard, le courage d’être soi-même, etc) : juste observer.
13 Commentaire de Kozlika -
Malia, ça on ne le sait que parce que Côme nous dévoile son âme dans ses textes. Il y a une différence entre le point de vue qu’on a en tant que lectrices ou lecteurs de tous les textes (dont les siens) et celui des personnages, ce que souligne Samantdi.
Côme, ta réponse à Malia m’interpelle : je suis un peu étonnée que tu confirmes sa perception sur ton personnage “timide et ne connaissant pas les codes”. Je ne le perçois pas du tout comme ça. Il est mal dans sa peau, sur la défensive, ce qui le rend abrupt voire agressif, mais timide ? ne connaissant pas les codes ?
14 Commentaire de Malia -
Vrai, Kozlika : Je digressais, la remarque de Samantdi me semble juste et je poursuivais mon cheminement personnel. Commenter un commentaire, voilà une pensée qui s’expose :-).
15 Commentaire de Come-de-la-caterie -
@Kozlika : je n’ai pas validé le timide qui ne maitrise pas les codes. On reparlera du caractère de Côme en d’autres temps…
Je me roulais dans le bonheur de lire que j’étais un chouchou :)