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Natacha, dite Natou 13

serveuse

Des questions sans réponses

Mercredi j’ai repris le service. Oh fan ! Gaston m’avait dit vré, j’avais la trogne en ciment, mais après un bon petit déjeuné, ça allait déjà mieux.

Bé, sur, tout ceux qui ont lu le journal à l’auberge, qui ont vu Toni avé moi quand il était là, l’ont reconnu.

Émile, le gars de la pétanque, l’est venu me raconter une drôle d’histoire. Comme quoi c’est Toni qui aurait fait venir sa fille de Corée, de manière pas très légale, mé ça, de Toni, plus rien ne m’étonne maintenant ! Fatche ! Une dette d’honneur ! Qui date de leur jeunesse. Pas tout compris tsé ! L’était tout inquiet l’Émile, que Toni, crache le morceau de la ninette à la police. Mé bon, si c’était une dette d’honneur, je vois pas pourquoi Toni irait en parler.

J’ai relu le journal, tranquille, dans ma chambre. Bé, c’est pas des branquignoles de la délinquance les Manilla : « Extorsions, trafic de drogue, blanchiment d’argent, et le pompom de la pomponnette, meurtres !! » Madre de dios, Toni, je le connais depuis longtemps, jamais j’aurai cru ça de lui. Et l’oncle qui me disait « t’approche pas, il est dangereux » et qu’allait s’enfermer dans le bureau avec. Mamamia, si ça se trouve l’oncle aussi l’est mafieu, et mon père alors ? Ça me donne le tournis toutes ses questions. Pouvé pas rester toute seule avec tous ces points d’interrogations qui faisaient le balltrap dans ma cabeze.

Jeudi matin, avant le début du service, je suis allée trouver Henri. On s’est mis un peu à l’écart, dans son hamac pour causer tranquille. On s’est assis cote-cote comme dans une balance-elle.

- Allez Natou, déballe, c’est quoi qui tourne dans ta caboche.
- Bé Henri, vous avez lu le journal ? Pour Toni vous savez ?
- Oui, Natou j’ai vu ça.

Alors je lui déballe toutes mes questions sur l’oncle et mon père.

- Je sais pas quoi te dire, ma belle, peut être que si ton oncle était aussi un mafieu, il aurait été arrêté avec les autres ?
- Bé y a autre chose qu’est pas clair. Toni, dans sa lettre, y me disait que ma famille était à l’abri maintenant. J’y comprend rien.
- Peut-être que tu devrais appeler ton oncle.
- Bé, y veux jamais me dire la vérité !
- Peut-être que maintenant que la famille Manilla est en prison, y pourra te parler, ça coute pas grand-chose d’essayer. Ou peut-être que tu peux vivre ta vie sans chercher à comprendre, laisser ça derrière toi.
- Qu’est-ce que tu ferais toi, Henri ?
- Une connerie, c’est sûr ! Je suis la pire personne pour te donner un bon conseil.
- Bé, je crois que je veux savoir quand même.
- …
- Dis Henri, rien à voir, mais tu le connais-toi Sébastien, le fils d’Antoine ?
- Bien sûr !
- Et tu en penses quoi ?
- Bon gars dans le genre rêveur, mais honnête.
- Ah !

- Merci Henri.
- Pas de quoi Miss.

J’ai posé ma tête sur son épaule, le hamac faisait son petit balancement, tout était si calme. Ça faisait du bien. Té ! Il a passé son bras autour de mes épaules, j’ai fermé les yeux, peu chère je crois que je me suis endormie, bé pas longtemps, mé quand même ! Ça m’a fait du bien de causer à Henri. Même si j’avé pas beaucoup de réponses à mes questions.

Le midi, j’ai vu Jojoff et sa femme au déjeuné. J’ai demandé si on pouvait causer un peu l’après-midi après le service. Je sé que DameJeanne aime pas bien qu’on sympathise avé le client, mais Jojoff c’est pas pareil, c’est un ami d’avant. La preuve, quand y l’est revenu à l’auberge, y l’avait des cadeaux pour moi. C’est y pas gentil ça ? Tout l’attirail pour que j’ai pas froid l’hiver ici. Sont quand même trognons lui et sa femme !
Enfin bref, on s’est retrouvé près du lac et on a parlé en marchant. Bé sur, y savaient déjà pour Toni.

Jojoff- Quand même, je suis bien content que Toni soit loin de toi maintenant !
Julie – Jojoff, tiens ta langue un peu !
Jojoff – Ben quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit de travers encore ?
Julie – Excuse le Natou, c’est le meilleur des hommes mais il est parfois maladroit.
Natou – Bé, casse pas la tête, je le crois qui soit content ! Tu avais vu juste pour le Toni et moi rien du tout !
Jojoff – Bah, j’aurai préféré me tromper tu sais. Mais dis, c’est quoi qui te tracasse maintenant ?

Je leur raconte toutes mes questions. Il y a un grand silence. Je dis :

Natou - Hoï, Jojoff, prend pas les pincettes avé moi ! Vas y dis ce que tu penses.
Jojoff - Ben Natou, je sais pas si ton oncle est dans le coup, et j’ai bien envie de te dire de te tenir éloigner d’eux, mais c’est ta famille alors. C’est pas si simple.
Julie - Tu peux peut-être demander des explications à ton oncle ?
Natou - Ah toi aussi Julie tu crois que je devrai l’appeler ?
Julie - Ou peut-être que tu pourrais prendre quelques jours, et retourner à Marseille, peut être que de vive voix, ce serait plus facile pour lui de te parler ?
Jojoff - Oh Julie ! Tu vas pas renvoyer la petite dans la gueule du loup !
Julie - Le loup m’a l’air d’être en prison, Non ?
Natou - Salette, je crois pas que je pourrai retourner là-bas tout de suite de toute façon ! Me laisserai pas revenir, ça ferait des cris et des scènes ! Non, je veux pas y aller ! Qu’ils aillent caguer à Endoume ces menteurs !
Jojoff - Tant mieux !
Julie - Je comprends.
Jojoff - On t’a pas beaucoup aidé.
Natou - Bé, c’est pas grave ! ça m’a fait du bien de vous causer quand même !

On est retourné vers l’auberge, Jojoff m’a dit :

- J’organise un barbecue Dimanche avec Henri et d’autres clients, j’aurai du penser que tu travaillais, mais comme un couillon j’ai oublié !

Julie a rigolé. Oh ce rire ! ça faisait comme une cascade d’oiseaux ! Pi elle a embrassé son homme. Sont jolis tous les deux vé !

- Bah, c’est pas grave Jojoff, y ‘en aura d’autres des barbecues.
- En tout cas, ça nous ferait plaisir si tu nous rejoignais après le service, on va faire une partie de Babington.
- De quoi ?
- C’est un genre de tennis
- Bé, avé plaisir ! ça me changera mes idées !

Vendredi Matin, je voyais DameJeanne. Ah oui, parce que je vous ai pas dit, Mais elle m’a proposé de m’apprendre le métier d’aubergiste. Enfin l’accueil tout ça. Alors on se voit des fois le matin avant le service de midi. Enfin Bref, on avait presque fini quand j’y ai demandé

- Dîtes, Jeanne, pardon hein, je peux vous poser une question, pas de rapport avé le travail
- Demandez toujours Natacha.
- Bé, voilà. Vous savez pour Toni, vous avez lu le journal ?
- Oui, j’ai vu.
- J’espère que ça vous cause pas du souci, je vous jure que je savais rien de rien.
- J’en suis certaine Natacha. J’ai totalement confiance en vous.
- Oh, ça me soulage. Merci bien. Mais je voulais vous demander. Toni y m’a laisser de l’argent dans une enveloppe, j’en ai pris un peu dedans, que je voulais remettre quand j’aurai touché mon premier salaire. Mais avé tout ça, je me demande ce que je dois faire. Est-ce que je dois aller à la police pour rendre l’argent ?
- Il y a beaucoup ?
- Bé sur ! Au moins mille euros !
- Je ne crois pas que la Police courra après mille euros, c’est pas grand-chose en réalité pour ces gens-là.
- Ah. Bé du coup je fais quoi ? Je voulais donner à de bonnes œuvres ? Vous en connaissez ?
- Peut-être, si vous cherchez sur internet vous trouverez la bonne association à qui donner cet argent ?
- Ah oui, c’est une bonne idée ça. Merci.
- Pas de quoi. Autre chose ?
- Bé non, je veux pas vous emboucaner avec mes histoires, vous avez assez à faire avé l’auberge.

Et pi, comme c’était l’heure j’ai pris mon service.

En fin d’après-midi, je suis allée au lac. Je me suis assise, j’ai regardé l’eau, J’étais encore en train de me casser la tête quand June est arrivée.

- Je peux m’assoir à côté de toi ?
- Bé sur June, ça me fait plaisir.

- Ben Natou, tu es bien silencieuse. Quelque chose ne va pas ?
- Bé, tu sais pour Toni.
- Non, quoi ?
- T’as pas lu le journal ?
- Ben non.

Bé alors je lui raconte tout, Gaston, Charlie, Léo, le journal et toutes les questions qui tournent dans ma teste. Et puis quand j’ai tout dit, je me sens toute vide. June, elle me regarde et pi elle dit :

- T’es une sacrée p’tite nana toi ? C’est incroyable la force que tu as ! Tu t’en rends compte ? Avec tout ce qui t’es arrivée depuis que tu es ici, tu as encore le courage de sourire à tout le monde, de distribuer ta bonne humeur sans compter !
- Bé, c’est vrai, y a eu des moments durs ! Mais bon qu’est-ce que tu veux y faire ? C’est la vie. On peut pas changer les choses hein ? Alors ! Non, là ce qui me chafouine tu vois, c’est l’oncle. J’aimerai bien savoir si c’est un gentil ou un méchant dans l’histoire.
- Peut-être un peu des deux.
- Peut-être.

- Dis June, je peux te demander un service ?
- Dis toujours.
- Bé voilà, y a un garçon à la ferme, c’est le fils du fermier, y s’appelle Sébastien. Je l’aime bien.
- Ah oui ? Tu l’aimes bien ?
- Bé, ya rien entre nous, hein, que de l’amitié ! Té !
- Mais c’est qu’elle rougie !
- Oh, tu me charries ! Arrête, c’est sérieux ma demande !
- Pardon, dis-moi, je suis très attentive.
- Bé voilà, vé, Toni, j’étais sure de moi, je l’ai défendu contre tous et je me suis bien gourrée, on pouvait pas plus ! Alors, j’ai plus la confiance vé. Et le Sébastien, je te jure, il a l’air d’un amour de gentil garçon et Henri m’a dit que c’était un gars bien. Mais…
- Mais ?
- Mais, j’ai peur vé, parce que, si je m’attache un petit peu, et que je me trompe, encore ?
- Hum, un petit peu hein… Qu’est-ce que tu attends de moi Natou ?
- Dis, tu voudrais pas venir à la ferme avé moi ? Lundi ou mardi quand je suis de congé. Comme ça je te le présente, on cause un peu l’air de rien, et puis après tu me dis ce que tu en penses. Tu as de l’instinct toi non ? Tu me diras, entre filles ?

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