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Margaux Hoareau

Chambre 8

Refroidis

Les filles,

Le vieux russe, ou qui disait l’être… Il est mort.

Je suis rentrée vendredi de ma plongée dans le lac toute frémissante et j’ai croisé la serveuse marseillaise avec les yeux rouges. Je lui ai demandé si c’était son connard d’ex qui lui avait fait quelque chose et elle m’a appris la nouvelle.

Il est mort dans son sommeil. Sans souffrir, c’est déjà ça. Mais il est mort quand même.

Hier matin son homme de… Ménage ? Main ? Compagnie ? Enfin, le mec qui l’accompagnait partout est parti. Il avait l’air éteint. Je suppose que le vieux n’était pas qu’un revenu pour lui. Le reste de l’auberge ne va pas fort non plus. Moi incluse.

J’ai passé la journée dehors, sans mon téléphone. J’ai marché sur les chemins de randonnées autour de l’auberge. C’est beau, ce coin. Un peu bizarre, aussi. J’ai vu des renards, des lapins, des oiseaux, un chat pas comme les autres. Pas physiquement, mais… Je sais pas, j’avais l’impression de croiser une personne changée en chat plutôt qu’un chat normal.

Est-ce qu’il y a des korrigans dans le Jura ? Ou un équivalent local ? Est-ce que des esprits jouent avec mes nerfs ? Ou c’est moi qui pète un câble ?

Quand je suis rentrée, mon téléphone était plein de messages du mignon. J’ai pas répondu. Je ne savais pas quoi dire. “Un vieux type que je connaissais à peine est mort et je ne sais pas comment en parler avec un mec que je ne connais pas plus.” ? Ça se fait, d’envoyer ça ?

Comment on fait pour porter le deuil d’un inconnu ? Je poserais bien la question à ma psy mais elle est en vacances aussi. Alors je vous le demande, à vous.

Je fais quoi ?

J’ai même pas emporté de fringues noires, merde.

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