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Natacha, dite Natou 13

serveuse

Jour 1

Salette ! Depuis hier, je révise la carte, je l’ai apprise par cœur, enfin presque. J’ai demandé à Janette de m’espliquer ses plats, pace que les clients, y demandent toujours, « ya quoi dedans ? » « C’est quoi ça ? » Bé c’est pas facile, mé bon, j’apprends. DameJeanne m’a présenté Vernon, c’est le petit patron du service, y va m’aider pour mes débuts. L’est rigolo, avé sa petite moustache, on le croirait sorti d’un film qu’à pas de parole, ave Charlot. L’a été gentil, mais ici tout le monde est gentil, ou presque, mais le presque je le raconterai plus tard.

Et aujourd’hui le grand jour ! J’ai refait mes valises, j’ai demandé à Henri de m’aider à tout monter au troisième. Oh fan ! Ça m’a rappelé le premier jour, comme Toni s’était conduit comme un pignouf ! Et moi je lui pardonnais tout ! Enfin, avé Henri on a rigolé, on s’est rappelé quand je suis entrée avé mes lunettes de soleil que je croyais qui faisait sombre ! Qué cougourde !

Après, je me suis bien habillée pour le service, mais j’ai sorti les baskets, parce que les aller et retour salle-cuisine sur pilotis ! Misère ! à la fin bé, t’as les jambes comme des poutres.

11H30, je suis prête, on fait le tour des tables, avé Vernon, les nappes, le couvert, j’ai tout bien mis. Comme j’ai vite fini, avant que les premiers clients arrivent, j’ai fait des petits bouquets sur les tables avé des fleurs cueillis dans le jardin. J’ai fait ça en pensant à Dame Nature et à ses couronnes de fleurs. Té ! J’étais contente, ça faisait coquet !

Le midi pas beaucoup de travail, la plupart sont partis pour la journée cavaler dans la montagne ; y’avait mon couple préféré, June et son Javot ! Ils ont été des zamours ! je te les ai bichonnés.

Y’avais la petite dame qui a fait parler d’elle à cause de son son nom « Hugo Loup », J’ai entendu je sais plus qui en parler. Bé moi, je trouve ça joli « Hugo » pour une fille. Et pourquoi pas ?! En tout cas, elle est discrète, mais elle a des yeux qui regardent tout.

Y’avait une toute jeune, celle de la chambre 12, qu’à manger des lasagnes. C’est drôle quand même, si jeune et toute seule, je l’aurai bien installée ave Hugo. Vé ! Tous ces gens qui déjeunent seul, c’est ballot tout de même ! Mé bon, DameJeanne m’a bien dit, c’est pas mon rôle d’aider les clients à se faire des amis. N’empêche, j’ai glissé un petit mot, du genre « Vous pourriez tester la soupe froide. Mademoiselle, qui est assise juste à côté l’a trouvé très bonne, n’est-ce pas ? » Des fois, ça marche, les gens y se mettent à parler de la cuisine et puis après y déjeunent ensemble. Bon là, pas trop, Hugo a confirmé, mais la toute jeune elle a quand même commandé ses lasagnes. Bé pourtant, je suis sure qu’elles auraient des choses à se dire, je sé pas pourquoi, je le sens. C’est l’instinct, comme disait Jojoff !

Et puis y avait le duo que j’adore tant y me font rigoler. Je vous ai pas parlé d’eux encore, trop de choses à raconter, mais ils valent le détour ! C’est un papet avé un accent russe, qué rire, encore plus fort que celui de ma mère quand elle se met à parler sa langue d’enfance ! Elle a jamais voulu me l’apprendre, le russe, c’est couillon tout de même ! Enfin bref, Le papet, y raconte qu’il est comte, vé, moi je crois qu’il faisait l’acteur dans sa jeunesse, tant y fait le pestacle ! Il est avé un monsieur qui veille bien sur lui ! oh pov ! L’a du mérite ! Pace que le papet, c’est un drôle de zigoto. Un coup, y fait comme s’il allait avoir une attaque, un coup y se met à chanter devant tout le monde, une autre fois té, on m’a raconté qu’il était allé courir tout nu dehors en pleine nuit ! Oh cte rire ! Vé, je les aime bien tous les deux. Ça se voit qu’ils ont bon cœur. Ça aussi c’est l’instinct qui me le dit.

Enfin bref, le déjeuner, super ! Pas d’embrouille, pas de cagade ! Vernon m’a dit : « Natou, tu t’es débrouillée comme une chef ! » Bé ça m’a mis la confiance !

Mais ce soir ! Fatch de coun ! Ça s’est pas passé pareil ! Y ‘avait ce fangoule là ! Qué pégon ! Le petit gros, que si tu le pousses y roule, oun bofi blanquinas ! Pace que j’ai oublié son pain, Mossieur fait le scandale ! Et vé ! Ça encore je pourrai l’encaisser ! J’ai déjà vécu ça à Marseille au bar de l’oncle, un client qu’à des soucis, y passe ses nerfs sur toi ! C’est comme ça ! Mais lui ! Fatche, il a fait le grand mossieur ! Y m’a traité comme une moins que rien ! Et là, ça déborde ! ! je veux plus qu’on me traite comme ça ! Fini, F.I.N.I.

J’ai rien dit, pace que j’ai promis à DameJeanne et que je veux pas lui causer du souci, mais je l’enverrai bien caguer à Endoume avé Toni ! Dire que je l’ai aidé avé son vélo ! Bé mérite pas, ma gentillesse. Salette ! Y m’a fait remonter la colère!!!!

En cuisine j’ai dit à Janette , « Oh fan de puta de mierda, mets y un truc qui fait caguer dans son dessert ! Ça va le détendre ! Fangoule ! Qu’il aille se bouffer ses alibofis sans me casser les miens ! Banaste ! Counas ! »

Et pi Vernon est venu, y m’a dit :

- Respire, respire, voilà, c’est un trou du cul mais c’est un client. Tu vas t’excuser…
- Ah ça non ! Tu y as vu comme y m’a traitée ! Moi on me traite et je m’escuse ! Me demande pas ça Vernon.
- Natou, si tu veux survivre dans ce métier, tu vas devoir ravaler plein de fois ta fierté, mais pour un con, tu sers combien de gens formidables ?
- C’est vré, y a plein d’autres gens supers !
- Voilà, fais-lui des excuses pour avoir oublié le pain, tu n’as pas besoin d’être sincère, c’est un rôle, rien de plus.
- Vaï c’est bon Vernon, j’y vé.

J’y suis allée sans le regarder, lui plus jamais je le pains d’être tout seul, y l’a ce qui mérite ! C’est vré quoi ! Té !

Enfin, comme dit Vernon, y’a plein d’autres clients qu’ont tous été gentils et bien patients pour mon premier jour.

Té comme cette jeune fille, mamamia, une beauté ! Elle m’a fait forte impression ! Je sais pas te dire. Jeune tu vois, mais qui dégage ! Une bombe quoi ! Mais pas du genre cagole là, non pas du tout ! Du genre, tu la regardes et tu te tais ! C’est ça, une beauté à te rendre muet. Je l’ai beaucoup regardée, j’aimerai bien être comme elle. C’est la demoiselle de la chambre 6, même son nom, l’est beau ! Nokomis Desfontaines ! Hé ! C’est la classe ça non ? On dirait une princesse indienne comme Pocahontas, mais en mieux !

Y’avais aussi une nouvelle arrivée, bé elle, tu peux pas la louper ! On dirait une veuve des films. Tout en noir, les habits, les cheveux, les yeux. Pas méchante mais pas bien souriante, et pas causante ça c’est sûr, le genre que tu laisses tranquille et qui te tue rien qu’ave un regard, comme dans la chanson, les yeux revolvers.

Et pi, un qu’est là depuis pas longtemps, un gars du sud comme moi, je reconnais la musique quand y parle, avé des belles chemises à fleurs, comme dans les séries américaines, là, alerte à Malibu ! Les chemises hein, pas le gars !

Et une jeune dame, Margaux elle m’a dit qu’elle s’appelait, elle avait l’air un peu enrhumée la pov !

Et tout ça ! Ça dine seul encore ! Va falloir faire quelque chose, c’est trop triste toute cette solitude ! Margaux, j’ai bien senti qu’elle avait envie de causer ! Mais j’ai pas le droit pendant le service. Peu chère, pourtant, j’avais bien envie de m’assoir à côté d’elle et de bavasser.

Et pi les Biraben qui dinaient avé une nouvelle venue ! Voilà ! Ça c’est bien !! Le conte russe et son ami, Hugo, et bien sûr, mes amoureux préférés ! Sont trop mignons tous les deux ! Mais, y a un truc que je pige pas. Des fois, j’entends qu’ils s’appellent pas pareil ! Lui des fois y dit : « Ma chère Lauren » ou, « Élisa », et elle, elle répond : « Oui, Richard ? ». Et des fois c’est des « vous ceci, vous cela » comme si y se connaissaient pas et juste après des « oh tu me fais rire ! ». J’y comprends rien !! Mais bon, c’est les artistes, ça, m’est avis qui sont tous un peu fadoli.

Vé, si y avait pas eu l’autre bestiasse ! C’était la soirée parfaite !

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