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Éric Javot

Chambre 16

La chevauchée sympathique

Il y a quelque chose dans le coin qui sent bon l’inspiration, celle qui macère quelque temps avant de jaillir d’un coup. Il se promène des ondes étranges dans cette auberge.

Est-ce qu’à force de fréquenter les palaces et autres 4 étoiles, généralement offerts par mes généreux mécènes, j’aurais oublié que ce n’est pas le vrai monde, celui du « péquin moyen » ?

Que la normalité c’est ce qui se passe ici ?

Mouais…

L’anormalité plutôt, en tout cas, un sentiment de bizarrerie ne me quitte pas.

Quoi qu’il en soit, je m’y sens bien, et ce week-end, il n’est jamais trop tard pour bien faire, je suis parti à la découverte des pièces que je ne connaissais pas. Le salon et sa bibliothèque, par exemple. Très bien pour lire au calme quand la météo est à l’humide et que l’on veut quand même avoir un semblant de vie sociale.

Vers 16 heures, lundi, je me suis installé dans le patio, la vue sur le lac, météo aidante, étant très agréable. La patronne est venue me demander si je désirais quelque chose. Après une étude attentive de la carte, j’ai demandé un fondant au chocolat et un Thé.

C’est alors qu’une grande bringue, chemisier blanc sans faux pli, taille fine, la quarantaine, plutôt genre grande classe, demanda si elle pouvait avoir la même chose.

Intrigué je l’invitais à se joindre à moi.

 

XX. Ext.Jour/Patio de l’Auberge :

 

Ann-Kathrin Von Aalders et Eric Javot sont assis à la même table devisant tranquillement.

 

Ann-Kathrin Von Aalders

Ah ! c’est donc vous le troubadour Javot Éric ?

 

Éric Javot

Pour vous servir Ma dame, à qui ai-je l’honneur ?

 

Ann-Kathrin Von Aalders

Je me nomme baronne Ann-Kathrin Von Aalders

De vos films je n’ai rien vu, c’est là qu’est le hic !

 

Éric Javot

Peu me chaut, vous pourrez réparer cette erreur.

 

Ann-Kathrin Von Aalders

Oh oh oh ! De l’humour vous en avez le sens !

 

Éric Javot

C’est là ce que m’aurait dit mon cousin Maxence !

 

 

 

Ann-Kathrin Von Aalders a un petit rire de bon aloi que l’on sent bien maîtrisé.

 

L’on voit Natou traverser le patio et se diriger vers le lac, elle a l’air de bonne humeur. Elle se parle à elle même.

 

Natou

Oh peuchère, y fait beau, j’vais sortir le maillot !

Hé vé, ptête ben que j’vais tremper mes pieds dans l’eau !

 

 

XX. Int.Jour/Intérieur Auberge :

 

On voit divers plans de la vie de l’Auberge, on devine Madame Lalochère passer avec le plateau sur lequel il y a deux tasses, une théière et deux fondants au chocolat.

 

 

XX. Ext.Jour/Patio de l’Auberge :

 

Assis à leur table, Ann-Kathrin et Éric finissent leurs fondants.

 

Éric Javot

Et comment trouvez-vous ce fondant chocolat ?

 

Ann-Kathrin Von Aalders

Ah ! c’est un pur délice qui nous est servi là !

Oserais-je une requête ?

 

Éric Javot

Je vous en prie, faites !

 

Ann-Kathrin Von Aalders

C’est une folle idée qui me traverse la tête !

 

Éric Javot

Mais comme le poisson vous me voyez tout ouïe !

 

Ann-Kathrin Von Aalders

Est-ce vôtre ? le destrier vu à l’écurie ?

 

Éric Javot

Vous parlez sans doute, de Davidson Harley !

 

Ann-Kathrin Von Aalders

Du courage il me faut pour vous mander cela

 

Éric Javot

Si cela vous rassure je garderai secret

 

Ann-Kathrin Von Aalders

Bon, je me lance, j’aimerais le monter, voilà !

 

Éric Javot

C’est pour moi un honneur qu’entre vos cuisses fermes

Mettre cette puissance, allons jusqu’à Palerme !

 

Ann-Kathrin Von Aalders

Holà ! bon troubadour, Pollox me suffira !

 

Éric Javot

Trouvons nous sur le pré, j’y serais de bonne foi

10 minutes pas plus, cela nous suffira

Nous chevaucherons de concert, vous, Harley et moi !

 

 

 

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Elle est bien sympathique cette Ann-Kathrin ! Sympathique, un brin baroque. Un petit côté guindé, mais sans mépris, on sent une éducation d’un autre monde, elle a la curiosité d’une ethnologue plongée dans une nouvelle tribu !

À sa décharge, ici il y a de quoi faire ! Entre le grabataire russe et son drôle de valet de pied. Cette jeune fille rousse que l’on croise furtivement de-ci de-là, la Marseillaise haute en couleur toujours perchée sur ses talons, un japonais à l’accent suisse ou encore ce couple dont la femme semble très malade, c’est quand même un peu la Cour des Miracles ici !

Pour être honnête, on a parlé beaucoup, mais pas dit grand-chose ! Je sais juste qu’elle est Autrichienne et qu’elle est passionnée de botanique ! Je la soupçonne de faire partie de la haute, mais elle ne m’en a pas fait la confidence !

 

Nous voilà donc partis sur ma moto, j’ai fait quelques détours histoire de lui faire vivre les frissons des lacets de montagne, une petite halte sur la corniche pour finir à Pollox et ses magasins ; autant dire, pas grand-chose !

On a fait du lèche-vitrine, plaisanté un peu sur les souvenirs attrape-touristes, mais elle n’a rien trouvé de ce qu’elle voulait.

Quoi, d’ailleurs ?

Je lui ai proposé de la pousser plus loin, genre Saint-Claude ou Bourg-en-Bresse, mais elle m’a poliment remercié et suggéré de rentrer.

Mon petit doigt me susurre qu’elle n’avait rien besoin d’acheter, c’était juste une excellente excuse pour faire un tour de Harley !

 

Mais que peut bien faire une grande bourgeoise autrichienne dans le Jura ?

Mieux et si elle était une noble en cavale ?

Pourquoi ?

Comment ?

Hum voilà qui pourrait faire un bon scénario…

 

Mais pas certain de réussir à y caser Poelvoorde !

 

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