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Artus Constant

Chambre 9

Et le ciel se dégagea

Ilôts dans la mer de nuages
Ilôts dans la mer de nuages – à peu près Artus Constant

C’est étrange, parfois. On s’attend à passer la soirée à faire le papa en attendant que le bobo passe (la douleur, pas un électeur parisien) et en zappant sur Netflix, et toc, on frappe. Et dans une petite robe, avec un sourire que ne renierait pas Belle des Champs, une amazone fait son entrée. De l’amazone elle a l’esprit de conquête, mais elle est plus compliquée que ça, la Calliste. On la sent hésiter. Mathilde, qui n’a pas envie de se sentir punie et isolée en plus d’avoir mal, la fait entrer avant que son empoté de père ne réagisse.

Et de là s’ensuit exactement ce qui n’était pas prévu, ce qui semblait devenu hors de portée : une excellente soirée. Rires, complicité, confidences… De la joie. Qui reste. La sensation qu’un poids, dont on avait oublié l’existence, ou plutôt accepté l’inéluctabilité vous est enlevé des épaules. Et, en n’ayant que peu bu, une sensation d’ivresse, la tête qui tinte doucement, les idées qui dérivent, se laissent aller. Déjà l’heure de dormir ?




Travail difficile en début de semaine. Pas la tête à ça. C’était bien la peine de venir ici. Les dessins ne se forment pas, les motifs sont muets, les couleurs fuyantes, la lumière n’a pas envie de jouer. Ce n’est pas la faute du paysage. Le cadre n’a rien à se reprocher. On dira que l’artiste est distrait. Et pas que par la pétulante enfant à ses basques.


Alors, hier, on a profité que Mathilde était accueillie au troisième étage, invitée de la petite maîtresse de maison, et on s’est retrouvé en tête-à-tête. Au-delà des mots. Parfaite après-midi. Elle a décidé de se sauver de son job avant qu’il ne l’avale tout entière et en recrache les miettes. Elle a du courage, Calliste. On la voit, l’amazone.


Que faire, aujourd’hui ? Retourner au bord du lac ? Au moins la petite peut s’y tremper. Mais sur le carnet ne naissent que des profils, des courbes et des sourires, la montagne fuit toujours.




Image d’après une photo de Zoltan Tasi chez Unsplash

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