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Calliste Saunier

Chambre 13

Ai-je bien fait d'écouter mon psy ?

Ahlalala que ces dernières heures ont été éprouvantes !!!

Je suis arrivée à l’auberge où je vais passer les prochaines semaines hier après-midi après un trajet éreintant. Cet endroit est ravitaillé par les corbeaux et après un trajet de train, métro, train, car, j’ai bien cru que j’allais finir à l’arrière d’une charrette assise sur un tas de foin.

Quand on est fragile comme moi ça n’est pas très facile de commencer un séjour qui se veut reposant dans ces conditions. Encore une idée débile de mon abruti de psy.

Il trouve que j’ai trop peur de craquer ! Ça fait des années que je m’épuise dans un boulot déshumanisant qui a perdu tout son intérêt à mes yeux, plus ou moins coincée là, au bord du burn-out, et lui trouve que je suis trop “enfermée par ma peur de craquer”.

Comme si finalement ça me ferait du bien de me laisser aller. Alors qu’il faut que je tienne, moi ! Les factures ne vont pas se payer seules. Et si je montre le moindre signe de faiblesse, ils vont me manger toute crue dans ces bureaux de l’enfer.

Bref, voilà que l’abruti de psy me dit qu’il faut que j’essaie de sortir de mes “schémas défensifs” en faisant des choses inhabituelles. Et donc moi qui voulait aller respirer l’air de la mer, me voici ici dans une auberge au fin fond du trou du cul du monde Jura. Un établissement qui vient de rouvrir, il en avait entendu parler par un ami d’ami de patient à lui. Bref.

A vrai dire ce qui m’a plu c’est la partie “vient d’ouvrir”. Je me suis dit que ça serait calme, tranquille.

Ça grouillait de monde hier quand je suis arrivée. Des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes, et même des enfants. DES ENFANTS [1] !

Autant pour le calme. J’entendais des portes claquer et des rires dans les escaliers en m’installant. J’espère qu’il n’y aura pas trop de joyeux lurons nocturnes. J’ai tellement peur de ne pas dormir. J’en ai tellement besoin.

Bref, je m’installe. Je profite de la vue de ma chambre qui est double et très jolie (lac d’un côté et petit terrasse qui donne sur la forêt. Au moins c’est ravissant et ça sera idéal pour mes séances de méditation en pleine conscience).

Et paf ! Pas de wifi. Alors oui j’ai promis à l’autre abruti qui est mon psy que je ferais une déconnexion du bureau, une déconnexion tout court. Mais pas SANS VÉRIFIER LES MAILS quand même !! Je ne sais pas comment je vais faire. C’était pourtant écrit sur le site de l’auberge quand j’ai réservé, il me semble. Bon, la patronne a mis des cahiers dans les chambres et je peux donc on moins noter mes premières impressions pour en faire part à mon psy (peut-être que j’amenderai certains passages…)

A l’heure de manger je descends (j’ai pris la pension complète, pas l’énergie de m’occuper à réfléchir où et quoi manger des heures à l’avance).

Je m’installe. La patronne me sert avec un beau sourire et un mot gentil sur ma bonne mine. Puis elle est repartie.

Et tout d’un coup c’est arrivé.

J’ai craqué. Devant une salle bondée d’inconnus.

Çà a commencé par des torrents de larmes. Impossible de m’arrêter. Souffle coupé.

Et puis je me suis nettement entendue gémir, pousser de petits cris.

Je ne reviens toujours pas de ce qui s’est passé dans cette salle…

Note

[1] Enfin au moins une enfant mais vu l’air curieux et malicieux qu’elle a, j’ai bien peur qu’elle en vaille trois à elle toute seule.

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