Des fois, je me bafferais. Cinquante-cinq ans et je me comporte comme un jeune premier, un gars qui n’apprend rien de ses gadins, un né de la dernière pluie, le perdreau de l’année. Chaque fois – et c’est pas souvent – qu’un homme cultivé, drôle, la tête sur les épaules, pas envahissant, correct quoi, très très correct, se présente sur mon chemin, je me prends les pieds dans le tapis. Trois jours que je suis revenu, que je tourne en rond autour du lac, que je noircis mes carnets de son prénom, Siegfried, en polices de caractère ouvragées, de pleins et de déliés, de cœurs et de trèfles à quatre feuilles. Un adolescent transi, pétrifié, pas fichu d’appeler et encore moins d’envoyer un SMS. Oui, je me bafferais.
On s’était dit « à bientôt j’espère ». C’était pas une formule ni une promesse mais c’était sincère.
L’humeur plus légère, apaisée – provisoirement – par un flot inespéré de pensées optimistes, je me fais couler un bain et demande à mon galet connecté au wifi de me jouer ma playlist « French Pop 70/80’s » et je chante :
Houuuuuu ! Viens faire un tour sous la plui-ie (ouiiii)
Les oiseaux vont venir aussi-i (ouiiii)
On fera le tour de Pariiiiiiiiis
Sous la pluie
Une belle averse venait de lessiver les trois véhicules stationnés sur le parking de l’auberge. Le van bleu et blanc orné de grosses fleurs hippies, immatriculé dans le Jura, appartenait à Jeanne. Une Harley parisienne, ou pour être précis, banlieusarde. Et ma bavaroise née en 1985 et dont je potassais à mes heures perdues le livret d’utilisation logé dans la boîte à gants. Confortablement assis et ceinturé, je m’aperçois que j’ai oublié mon téléphone dans ma chambre. Comme ces choses-là sont utiles, je décide de retourner à l’auberge. J’ouvre la portière et me retrouve brusquement nez à nez avec un couple qui ne m’est pas inconnu. Ou plutôt si, j’ignorais que ces deux-là formaient une paire. Élisa Hell alias June East et Éric Javot alias lui-même. L’actrice et le réalisateur. Les observant distraitement pendant que la conversation déroule ses présentations et nos souvenirs communs, une intuition pour ne pas dire certitude me parcourt. Le cinéaste a trouvé sa muse et s’apprête à lui écrire de beaux rôles, tant sur le papier que dans la vraie vie. Je devine June à l’affiche du long-métrage d’une réalisatrice de premier plan. Mais je choisis de ne rien révéler des images qui me sont apparues. D’une je peux me tromper. De deux, je préfère laisser ces jeunes gens découvrir leur destinée de façon naturelle.
On se promet de dîner ensemble. Ça me ferait plaisir, vraiment.
Ma lubie pour les chansons françaises des années 80 n’a pas laissée la p’tite June-Élisa indifférente le mois dernier, je m’amuse alors à leur parler en langage codé, j’invite dans la discussion Corinne Charby et Stéphanie de Monaco. Une façon kitsch de résumer mon été 2020, comme une boule de flipper qui roule avec les oreillers du cœur en boule. Comme un ouragan, la tempête en moi, a balayé le passé.
1 Commentaire de Sacrip'Anne -
Ton début de billet m’a fait pensé au “je ne glousse pas” de Calliste Saunier (mais un Dindon qui ne glousse pas ça serait étrange, non ? Ou ça glougloute ? Je ne me souviens plus) :D
2 Commentaire de Avril -
Mais siiiiiiiii ! Tu dois absolument contacter Siegfrieeeeeeed !
Destinééééée ! Vous étiez tous les deux destinés !
:-*
3 Commentaire de Pétrotrice -
L’anthologie de la “chanteuse à texte” française des années 80 en seul billet ! Bravo :D
C’est trop meugnon… <3
4 Commentaire de Jeanne Lalochère -
Décroche ce téléphone ! Oh la la, faut tout leur dire à ces personnages…
5 Commentaire de AkaïAki -
Vas-y Paulo ! Saute !
Tu risques rien, que du bon au pire ;-)
:*
6 Commentaire de Kozlika -
AkaïAki, tant que tu y es, va donc dire ça à Hugo aussi qui tergiverse également !
7 Commentaire de Mel'O'Dye -
Ah oui Téléphone, téléphone mon Bijou (caillou genou) ;)
8 Commentaire de Natou auteur -
Bé alors paul ? Tu te poses trop questions ! C’est l’enfer de la teste ! Fonce qu’on te dit ! Le bonheur est dans le pré ! Vé ! (Natou sors de ce clavier!)
9 Commentaire de Laurent -
Siegfried ! Siegfried ! Siegfried ! Siegfried ! Siegfried ! Siegfried ! Siegfried ! Siegfried !
10 Commentaire de Paul Dindon -
@ Scrip’Anne Ah oui, ce fameux billet où elle n’arrêtait pas de glousser. La poule glousse, le dindon glougloute (comme dans La Soupe aux choux)
@ Avril c’est quoi cette chanson, je l’ai sur le bout du bec mais impossible de mettre un interprète ; par contre, j’ignore pourquoi me vient le refrain de Désirée par Gilbert Bécaud o_O
@ Pétrotrice Savais-tu que Jeanne Mas avait décliné Comme un ouragan et que ce titre avait échu à Steph de Monac’ ?
@ Jeanne Pourquoi les personnages échappent à l’auteur et aux impondérables, envies, du lecteur ? Vraie question :-) réponses lors du débrief :-)
@ AkaïAki Je pourrais te répondre précisément mais je vais divulgâcher la suite…
@ Kozlika Ça tergiverse beaucoup dans le Jura
@ Mel’O’Dye C’est un air de chanson, ça ?
@ Natou auteur La suite, à suivre…
@ Laurent Dans la forêt, forêt (écho). Mes hommages en passant à Ulrika von Glott <3
11 Commentaire de Come-de-la-caterie -
@Paul (je réponds pour Avril)
Destinée
12 Commentaire de Paul Dindon -
@ Come-de-la-caterie ohlala j’avais oublié Les Sous-Doués en Vacances :-p et j’apprends ici l’histoire de cette chanson : https://fr.wikipedia.org/wiki/Desti…_(chanson)
13 Commentaire de Mel'O'Dye -
Paul : tiens pour ton info !!! #teamDino :p https://www.youtube.com/watch?v=8B8…
14 Commentaire de Paul Dindon -
@ Mel’O’Dye Merci :) Et dire qu’il n’a interprété aucune des chansons qu’on lui attribue o_O :
https://www.leparisien.fr/culture-l…